par Filipa Martins Varino et Bruno Joly

paru dans le Rapport de Recherche de Météo-France 2016 (ISSN : 2116-438X)

Dans le cadre d’une thèse cofinancée par la société de réassurance SCOR et Météo-France, une analyse de la variabilité des tempêtes hivernales au cours du XX^ème siècle et sur l’hémisphère nord a été menée. Une méthode d’identification et de suivi des systèmes dépressionnaires développée au CNRM   a été appliquée à la ré-analyse ERA20C récemment livrée par le CEPMMT  . Ce jeu de données révèle une importante variabilité multi-décennale avec une forte augmentation de la fréquence des tempêtes les plus fortes entre 1936 et 1980, tandis qu’au début du siècle et depuis 1980, la tendance globale est plutôt à la stagnation des tempêtes avec des disparités régionales importantes. Ce résultat a été confronté aux principaux modes de variabilité d’échelle planétaire dans le but d’en évaluer la robustesse.

La période 1936-1980 se caractérise par une plus forte extension de la glace de mer arctique et un refroidissement des latitudes polaires. Cela conduit a une augmentation des contrastes thermiques nord-sud en équilibre avec une augmentation de l’intensité des jets d’ouest cohérente avec une augmentation de l’activité dépressionnaire. Les deux autres périodes, caractérisées par une diminution de l’extension de la glace de mer et un fort réchauffement des latitudes polaires, voient des réponses assez différentes de l’activité dépressionnaire notamment sur le bassin Atlantique. La période la plus récente voit notamment une diminution des dépressions au sud du rail des dépressions, c’est à dire sur le Nord-Ouest de l’Europe. Par conséquent, ces résultats accréditent la variabilité multi-décennale des tempêtes obtenue à partir d’ERA20C.

Densité (isolignes noires) des plus fortes dépressions et tendances au cours de la période considérée (en plages de couleurs). De gauche à droite : 1900-1936, 1936-1980, 1980-2009.