Comme dans le modèle EMERAUDE, on tient compte de la variation de Cp et de R avec q ( humidité spécifique de la vapeur d'eau ) dans le cas de l'air humide, soit
R = Ra + ( Rv - Ra ) q
Cp = Cpa + ( Cpv - Cpa ) q
De plus, dans ARPEGE, on prend maintenant en compte la variation des chaleurs latentes de vaporisation et de sublimation avec la température soit
Lv ( T ) = Lv ( T* ) + ( Cpv - Cl )( T - T* )
Ls ( T ) = Ls ( T* ) + ( Cpv - Ci )( T - T* )
T* étant la température du point triple, T* = 273.16 K
La chaleur latente de fusion Lf ( T ) est alors égale à Ls ( T ) - Lv ( T )
Ce détail a en fait peu d'influence sur les résultats de la prévision à courte et moyenne échéance et pourrait apparaître comme un raffinement inutile. Cependant, cette dépendance permet d'obtenir une description exacte de tous les cycles énergétiques dans l'atmosphère, point qui peut se révéler fondamental dans le cas d'une simulation climatique.
Quelques généralités
Le but de la partie physique du modèle consiste à fournir un forçage correct à la dynamique et à donner des évaluations réalistes des flux qui définissent le temps sensible : précipitations, rayonnement... La partie physique calcule donc les différents échanges énergétiques entre l'atmosphère et les sources externes. Ces sources sont, pour l'atmosphère global, le soleil, les océans et dans une moindre mesure les continents. Les processus d'échange d'énergie sous ces différentes formes entre ces sources externes et l'atmosphère sont extrêmement variés et hautement interactifs donc très complexes.
Chaque paramétrisation physique peut être considérée comme une boîte noire dans laquelle on introduit les variables à grande échelle et qui doit fournir en sortie les variations temporelles de ces variables dues aux phénomènes physiques, phénomènes irréversibles et/ou se produisant à une échelle inférieure à celle de la maille. Ces boîtes contiennent donc des équations traduisant au mieux la réalité. L'ajustement de ces équations est tributaire naturellement de la partie dynamique ( taille de la maille notamment ) mais aussi et surtout du temps de calcul disponible. Tout le problème consiste donc à allier au mieux les impératifs opérationnels et le meilleur réalisme.
5.4.1 Le rayonnement
Quelques généralités :
Le soleil est la source d'énergie primaire de la machine thermique. Il rayonne comme un corps noir dont la température de surface serait 6000° K. Il émet dans les longueurs d'onde allant de 0.25 à 5 µm. Le rayonnement solaire est absorbé dans l'atmosphère en raison de la présence de corps absorbants: l'oxygène, l'azote et surtout l'ozone dans le domaine de l'ultra-violet, la vapeur d'eau et, à un degré moindre, le gaz carbonique dans le domaine de l'infra-rouge.On le constate, les phénomèmes mis en jeu sont complexes et les paramètres à calculer très nombreux. Ceci explique pourquoi le rayonnement est l'une des paramétrisations les difficiles à réaliser.
Le but de cette paramétrisation est de calculer les
différents flux radiatifs au sommet et à la base de chaque
couche atmosphérique considérée, pour en
déduire une tendance de température due au rayonnement.
Cette tendance est proportionnelle à la divergence de ces flux
( comptés positivement vers le bas ) soit:
Un flux radiatif s'exprime comme une puissance par unité de surface ( W.m¯² ).
Dans le schéma utilisé dans ARPEGE, la rapidité de calcul a été privilégiée aux dépens de l'exactitude absolue, l'argument étant qu'il est plus important de tenir compte des interactions à très court terme avec la température de surface du sol continental ou avec les fluctuations de la nébulosité, que de contrôler les biais dus à la configuration spectroscopique très particulière d'une certaine bande d'absorption ( cf intégration spectrale ).
L'équation fondamentale de cette paramétrisation est l'équation du transfert radiatif. Cette équation exprime comment varie la luminance énergétique L ( intensité reçue dans une direction donnée ) lorsqu'une épaisseur d'un milieu est traversée par un rayon.
5.4.1.1 Intégration angulaire
5.4.1.1.1 facteur de diffusivité d'une couche
Ayant supposé, l'axisymétrie verticale on définit un facteur de diffusivité pour traduire l'absorption par une épaisseur de la couche traversée.5.4.1.1.2 l'approximation des deux flux ( "two-stream" ).
On suppose que l'isotropie permet de décrire le champ de rayonnement diffus uniquement à l'aide du flux descendant et du flux montant. On définit le flux net comme la différence entre le flux descendant ( compté positivement ) et le flux montant.et d'abandonner les termes faisant intervenir le flux solaire.
5.4.1.2 Intégration verticale
Il s'agit là d'une intégration sur une couche aux propriétés homogènes.On suppose aussi que les flux sortant d'une couche entrent dans la couche adjacente.
Le traitement des nuages
Les calculs précédents sont faits par ciel clair. Le fait de rajouter les nuages revient à utiliser des coefficients ( dans les systèmes d'équations ) pour la partie de ciel clair et d'autres pour la partie nuageuse. Il y a donc pour chaque couche, non pas 3 mais 6 équations, les deux effets étant pondérés par la nébulosité.- le recouvrement maximal : les fractions nuageuses de couches adjacentes présentent un recouvrement maximal. Il faut alors considérer en détail les flux aux interfaces. Les flux sont calculés comme étant la somme de flux "partiels" clairs et nuageux. On est amené à considérer deux types de systèmes : le premier n'intégrant pas les effets des nuages, produit des flux "partiels clair", le second intégrant ces effets, produit des flux "partiels nuageux". La résolution de ces deux types de systèmes doit se faire en parallèle puisqu'en fonction de la configuration nuageuse, les flux "partiels" interagissent.
Pour déterminer la nébulosité, on diagnostique le contenu liquide nuageux ( humidité spécifique liquide ou glace ). On calcule pour chaque couche la partie condensée qcond, il s'agit de l'eau maximale extractible lors des mouvements verticaux dans le nuage ( le long d'une adiabatique saturée ), compte tenu des caractéristiques locales ( T et p ).
On part de
On cherche ensuite la partition eau/glace. Pour ce faire, on introduit une fonction f de la température donnant la proportion de glace dans une particule nuageuse. Dans ARPEGE, on modélise cette fonction en postulant que la proportion de glace est liée à l'intégrale de l'écart entre tension de vapeur saturante par rapport à l'eau liquide et tension de vapeur saturante par rapport à la glace. Après un ajustement à l'aide d'une gaussienne, on obtient :
La valeur de f( T ) étant connue, la partition eau/glace est calculée par:
ql = ( 1 - f( T ) )qcond et qi = f( T )qcond
Ceci permet de distinguer les phases liquide et solide, chacune d'elles ayant des propriétés optiques différentes ( coefficient d'absorption ).
Remarque :
Pour corriger le déficit radiatif global constaté au sommet de l'atmosphère, on réduit la réflectivité des nuages en majorant leur contenu en eau condensée ( liquide et solide ).
Calcul de la nébulosité convective à un niveau donné.
La nébulosité en nuages convectifs est calculée au pas de temps précédent après les calculs complets concernant la convection, trois informations sont alors stockées : les indices de base et de sommet de couches pour ce type de nébulosité et la nébulosité totale.
Cette dernière est calculée d'après Tiedtkte ( 1988 ) par Nctot = min ( 0.5 , p.Rcsurf )
avec Rcsurf : taux de pr´cipitations convectives au sol et p pente fixe égale à 3000.
Au pas de temps où elle est utilisée, Nctot est convertie en une nébulosité locale à tous les niveaux compris entre la base ( Icb ) et le sommet ( Ict ) de la couche de nuages convectifs. Cette conversion prend en compte l'utilisation possible dans le schéma de rayonnement, des deux types de recouvrement :
- s'il s'agit du recouvrement maximal, Nc = Nctot .Calcul de la nébulosité stratiforme à un niveau donné.
Le calcul de la nébulosité stratiforme Ns utilise exactement l'algorithme décrit par Geleyn ( 1980 ) soit
Ns = max² ( 0 , ( q - Huc.qsat ) / ( qsat - Huc.qsat ) )
La nébulosité ainsi calculée dépendra d'une humidité critique Huc, seuil qui est fonction de la verticale. Ce seuil d'humidité est paramétré par la fonction polynomiale suivante :
En outre Ns est nulle pour tous les niveaux où l'énergie statique sèche est inférieure à l'énergie statique sèche de surface ( pas de nuages : couche bien mélangée ).
Remarque importante :
Il n'y a pas actuellement de nébulosité associée à la convection peu profonde, ceci constitue probablement l'une des plus importantes faiblesses de ce schéma de diagnostic nuageux, qui a pourtant l'air bien calibré.
La nébulosité totale est ensuite obtenue en utilisant la combinaison classique suivante :
Nt = 1-( 1-Ns )( 1-Nc ).
5.4.1.3 Intégration spectrale
On distingue deux calculs différents suivant que l'on considère les gaz et les corps gris.
En effet les variations des coefficients d'absorption spectraux des gaz en fonction de la longueur d'onde sont telles, que l'on doit, pour réaliser une intégration spectrale, utiliser une formulation non linéaire vis à vis des quantités de gaz traversé.
Cas des gaz :Par contre, dans le cas des corps gris ( aérosols, nuages et diffusion Rayleigh ) la formulation est simple et linéaire par rapport à la quantité de matière traversée.
5.4.1.4 intégration optique
Il faut tenir compte des chemins optiques parcourus par les différents photons se trouvant dans la couche considérée.
L'approximation de base est que l'on ne considère qu'un seul intervalle spectral pour chaque type de rayonnement ( solaire et infra-rouge thermique ).
Cas solaire :Remarques :
Le coût du calcul croît seulement linéairement avec le nombre de niveaux du modèle ( ceci est vrai pour toute la physique ARPEGE, et pas par hasard ! ).
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