ADAPTFVR

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Impacts du changement climatique sur l’émergence des vecteurs de la Fièvre de la Vallée du Rift au Sénégal : adaptation et stratégie pour une meilleure gestion du pastoralisme au Sahel

Impacts du changement climatique sur l’émergence des vecteurs de la Fièvre de la Vallée du Rift au Sénégal : adaptation et stratégie pour une meilleure gestion du pastoralisme au Sahel.

Rapport complet

Coordinateur CNES Cécile Vignolles
Correspondant CNRM-GAME Philippe Dandin
Équipes CNRM-GAME Direction
Site Internet du projet ADAPTFVR
Type GICC APR 2008 – N° subvention G.20100049724
Début 2009
Durée 2011

 Objectifs

Le projet AdaptFVR propose d’appliquer l’approche conceptuelle de télé-épidémiologie reliant climat, environnement et santé, à la maladie d’intérêt, la Fièvre de la Vallée du Rift (FVR), dans la région sahélienne du Ferlo au Sénégal. La proposition est d’étudier l’impact de la variabilité du climat sur le schéma épidémiologique de la FVR et d’en analyser les conséquences sur les prévisions du risque vectoriel.

Une mare où peuvent se développer les moustiques vecteurs de la Fièvre de la vallée du Rift copyright CSE , J. -A. Ndione

 Apports du CNRM-GAME

Le CNRM-GAME a participé au projet AdaptFVR en étudiant la variabilité spatio-temporelle de la pluviométrie sur le risque, depuis l’échelle saisonnière jusqu’aux fréquences plus basses de variabilité inter-annuelle et au changement climatique.

 Description du projet

L’objectif était triple :
 produire et valider des cartes dynamiques des risques d’exposition du bétail aux piqûres des moustiques, vecteurs de la FVR,
 étudier l’impact de la variabilité du climat (du saisonnier jusqu’aux basses fréquences, comprenant les tendances et les changements climatiques) sur la prévision du risque vectoriel,
 étudier les processus d’adaptation dans la gestion du pastoralisme, principalement la santé animale, face aux risques prédits.

 Livrables ou résultats attendus

Ce projet a permis d’atteindre les objectifs assignés :
Objectif 1 : produire et valider des cartes dynamiques des risques d’exposition du bétail aux piqûres des moustiques, vecteurs de la FVR.
-* Etape 1 : appréhender et comprendre les mécanismes d’émergence des vecteurs
-* Etape 2 : production de produits spatiaux adaptés et élaboration de modèles prédictifs.

Objectif 2 : étudier l’impact de la variabilité du climat (du saisonnier jusqu’aux basses fréquences, comprenant les tendances et le changement climatique) sur la prévision du risque vectoriel.

Objectif 3 : étudier les processus d’adaptation dans la gestion du pastoralisme (santé animale principalement) face aux risques prédits.

Sur l’objectif 2 : la dynamique des pluies au Sahel est fonction d’au moins 4 échelles de temps : l’échelle saisonnière, l’échelle interannuelle, l’échelle dites basses fréquences (quasi-décennale a multi décennale) et la composante anthropique du changement climatique.

Les points principaux qu’il faut retenir de cette étude sont les suivants :

  • La prévision saisonnière probabiliste (sous forme de quantiles) à grande échelle présente des limites pour être utilisée aux échelles spatio-temporelles plus fines du projet AdaptFVR. Des progrès sur la désagrégation spatiale et sur les prévisions sub-saisonnières sont en cours de développement. Cependant ces informations statistiques qui sont disponibles aujourd’hui et qui sont mises à jour tous les mois (voir produits EUROSIP) doivent permettre aux systèmes sanitaires de proposer une stratégie d’adaptation anticipative (en amont) face au risque potentiel d’apparition des épidémies liées en partie, au climat du Ferlo.
  • Les prévisions interannuelles à basse fréquences, basées sur des corrélations statistiques entre la SST (température de surface de l’océan) et la densité de vecteurs Aedes, est prometteuse puisque notre étude sur la période 1960-2010, montre des phasages positifs entre les deux séries chronologiques. Une adaptation à moyen terme devient donc possible : c.à.d des anomalies positives/négatives de SST sur des périodes de 10-15 ans sont associées à une augmentation/réduction de la production d’Aedes au début de la saison des pluies au Ferlo. Les modifications d’adaptations anticipatives à moyen terme, à partir d’indices climatiques en temps réel de types QDO (Quasi Decenal Oscillation) et AMO (Atlantic Multi-decenal Oscillation) semblent plus difficiles à mettre en oeuvre puisque, 1) les deux signaux interagissent (se modulent) entre eux, et 2) le changement définitif du phasage de l’AMO demande au moins 6 mois de mesures pour être vérifié. Par exemple pour la période 2011-2012 les phases négatives sont très faibles et un retour à des phases positives pourrait être envisagé avec des pluies au moins normales sur le Ferlo.
  • L’adaptation au changement climatique du 21eme siècle à partir des premiers résultats de CORDEXAfrique (scénarios RCP 8.5 et 4.5 W/m2), semblerait minime tout au moins en ce qui concerne le climat au Sénégal. Très peu de changements sont à prévoir au niveau des quantités de précipitations sur le Ferlo. En effet aucune variation significative de la température sur le Ferlo n’est à signaler, alors que la tendance (détectée statistiquement) d’une variation de -10 mm de précipitation à Barkédji sur les 50 ans à venir est non seulement très faible, avec peu d’incidence sur la dynamique des mares, mais se trouve surtout dans la limite des incertitudes des modèles numériques.

La conclusion générale est que la prévision saisonnière doit être améliorée sur des échelles plus fines (projet TIGGE en cours du THORPEX Interactive Grand Global Ensemble, avec des prévisions de 1 jour à deux semaines. http://tigge.ecmwf.int/). Ceci devrait permettre d’améliorer les modèles de dynamique des mares. La variabilité basses fréquences du climat Atlantique est très prometteuse pour des adaptations de systèmes d’information sanitaires sur des périodes décennales. Enfin peu de changement est à prévoir pendant la première moitié du 21ème siècle sur les précipitations cumulées dans la région de Barkedji. La dynamique des mares et la production des vecteurs de la FVR ne devraient donc pas changer notablement dans les prochaines décennies.

Dans ces conditions, le facteur d’influence majeur serait anthropique, à savoir la pression de l’utilisation des sols pour l’agriculture au détriment de l’élevage, plutôt que climatique.

 Partenaires

Les partenaires étaient : le CNES, Centre National d’Etudes Spatiales ; le CSE Centre de Suivi Ecologique de Dakar, chargé de la coordination des activités au Sénégal, responsable des activités liées à l’environnement ; la DSV : Direction des Services Vétérinaires du Ministère de l’Elevage du Sénégal, responsable des activités liées à l’adaptation, utilisateur des bulletins ZPOM ; l’IPD : Institut pasteur de Dakar, responsable des activités liées à l’entomologie et à la validation des bulletins ZPOM ; Météo-France, responsable des activités liées à la climatologie. Enfin, l’association Reflets était responsable de la valorisation des résultats sur le site Redgems.

Voir site redgems

Liens : www.cnes.fr
www.cnrm.meteo.fr
www.cse.sn
www.pasteur.sn