Le rôle des poussières et du carbone suie dans l’impact du réchauffement climatique sur l’enneigement.

Les particules telles que le carbone suie (résidus de combustion) et les poussières sahariennes assombrissent le manteau neigeux lorsqu’elles se déposent à sa surface. Par conséquent, une plus grande proportion de l’énergie solaire est absorbée par la neige, ce qui en accélère la fonte au printemps. Toutefois, le rôle de ces dépôts sur la dynamique annuelle de l’enneigement et les tendances climatiques de la durée d’enneigement est encore mal connu.

Une équipe de recherche comprenant des scientifiques du CNRS-INSU (voir encadré) en collaboration avec une équipe américaine, ont quantifié cet effet sur la durée d’enneigement des Alpes françaises et des Pyrénées pour les 40 dernières années. Cette étude combine observations in-situ du manteau neigeux, observations par satellites, modélisation climatique et modélisation détaillée du manteau neigeux, afin d’identifier et de séparer les effets des fluctuations et tendances des conditions météorologiques et des dépôts de carbone suie et de poussières désertiques. Les résultats montrent que les dépôts de carbone suie et de poussières sahariennes avancent la date de fin de la période enneigée annuellement d’en moyenne 17 jours.

Bien que ces particules accélèrent la fonte et diminuent la durée d’enneigement annuelle, on constate les dépôts de carbone suie, moins importants aujourd’hui, accélèrent donc moins la fonte annuelle que dans les années 1980. A l’inverse, la diminution de la couverture neigeuse est plus prononcée aujourd’hui qu’il y a 40 ans, principalement en raison de la hausse des températures liées au changement climatique. Ainsi, la diminution des dépôts de carbone suie depuis 40 ans compense en partie l’effet du changement climatique sur la durée d’enneigement. Le raccourcissement de la durée d’enneigement liée au changement climatique actuel serait donc encore plus prononcé sans la diminution des dépôts de carbone suie depuis les années 1980. En revanche, bien que les dépôts de poussière désertique influencent la durée de l’enneigement annuel, ils n’ont pas non plus d’effet détectable sur la tendance de long terme de la durée de l’enneigement.

Les changements futurs des dépôts de carbone suie liés aux activités humaines doivent donc être considérés pour évaluer l’évolution de la couverture neigeuse dans les décennies à venir.
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Photo prise dans les Pyrénées lors du dépôt de poussières sahariennes en février 2021© Q. Libois