INTRODUCTION : le risque canicule et les mesures d’adaptation

Les canicules

Les projections climatiques prévoient qu’une augmentation du risque de canicule se produira avec une très grande certitude dans les années à venir, quel que soit le scénario d’émissions de gaz à effet de serre retenu.
Les villes y sont particulièrement vulnérables du fait de l’existence d’îlots de chaleur urbains, micro-climat locaux qui y rendent la température plus élevée que dans les campagnes environnantes.

L’un des exemples historiques de canicule le plus récent en France est la canicule de 2003, qui a provoqué une surmortalité observée de 14 800 personnes dans le pays entre le 1er et le 20 août, principalement des personnes âgées (au total, 82 % des décès attribuables à la vague de chaleur ont touché des personnes âgées de 75 ans et plus).

Si cette canicule n’est pas en soi un événement météorologique attribuable au changement climatique, celui-ci l’a rendue plus probable et aura tendance à la rendre plus probable encore à l’avenir, jusqu’à devenir un événement récurrent, correspondant aux étés moyens de la fin du siècle d’après certains scénarios climatiques en l’absence de politique mondiale de réduction des émissions.

Quelle vulnérabilité en France ?

La vulnérabilité aux canicules dépend d’un certain nombre de facteurs, au premier rang desquels les infrastructures en place, l’urbanisme, le type d’habitat et les modes de vie. Ainsi, les températures et humidités à Paris pendant la canicule de 2003 étaient très proches de celles observées à Séville lors d’un été moyen, où ces conditions climatiques n’ont pas de conséquences sanitaires aussi graves. Ceci est notamment dû à un cadre bâti plus adapté aux fortes températures à Séville, et aux habitudes de la population (volets pour ne pas laisser rentrer la chaleur en pleine journée, inactivité aux heures de plus haute température, habitude des personnes vulnérables de s’hydrater correctement et d’éviter les activités à risque, etc.).

Il existe donc un certain nombre de leviers sur lesquels agir pour réduire la vulnérabilité de villes françaises comme Paris à ces événements, mais un grand nombre de questions se posent quant à la mise en place en pratique de stratégies d’adaptation.

Etude des mesures d’adaptation possibles

Beaucoup de mesures de nature très différentes existent pour faire face au risque de canicule, allant de la mise en place de plans d’alerte et de prévention à l’adaptation des constructions et des quartiers nouveaux, et – éventuellement – des bâtiments existants.

Adapter l’habitat et l’urbanisme signifie d’une part, favoriser un meilleur confort thermique dans les bâtiments et les rues (meilleure protection face à la pénétration de la chaleur) et d’autre part, lutter contre la présence d’un îlot de chaleur urbain (mise en place de revêtements des rues et de toits réfléchissant le rayonnement solaire, végétalisation de la ville etc.).

On peut classer les mesures d’adaptation suivant l’échelle spatiale à laquelle elles s’appliquent :

- à l’échelle du bâtiment : ventilation optimisée, type et position des surfaces vitrées, isolation des parois, etc. ;
- à l’échelle du quartier : augmentation de l’albédo des revêtements des murs et des chaussées, vélums tendus dans les rues, mais aussi choix d’urbanisme tels que l’augmentation de la surface des parcs et jardins ;
- voire de l’agglomération entière : largeur et orientation des rues pour favoriser une bonne circulation de l’air, implantation des grands parcs urbains, etc.

Ces différentes mesures présentent des coûts, efficacités et effets secondaires très différents, ainsi que des durées de mise en place très variables. Ainsi, s’il est relativement rapide de mettre en place des plans d’alerte ou d’installer des vélums dans les rues, il est beaucoup plus long de modifier de manière significative le type d’urbanisme et l’isolation des bâtiments existants.

Dans le monde académique, les questions liées au choix de la meilleure manière de s’adapter au stress thermique sont actuellement un sujet de recherche très actif. Il est à l’heure actuelle encore difficile d’avoir une vision claire de comment mettre en place une stratégie d’adaptation efficace, mais la recherche avance à grands pas.